Je comprends ton point de vue nhihil, mais je trouve ça dommage de substituer la désertion aux réponses logiques que ton analyse devrait amener: dé-saturer l'espace militant, re-investir le terrain des solidarités pour les intensifier, essayer de construire un truc sur le long terme qui revoie "nos réflexes, nos socialisations, nos perceptions du corps social", essayer de faire bouger les manifs de l'intérieur ou d'en organiser de nouvelles, qui ne soient pas qu'un simple "hochet pour plébéien en manque", idem pour les tracts et les colloques ; en bref, je ne pense pas par exemple qu'un tract ou un colloque soit quelque-chose de mauvais en soit, je pense même qu'il existe des brèches dans tous ces outils que tu estimes "corrompus", et qu'il s'agisse alors de s'engouffrer dans ces brèches pour mieux les habiter et les élargir, jusqu'à les généraliser.
En somme, dé-rôder et dégraisser l'affaire.
Bien qu'effectivement voir un tel truc comme solution unique paraît futile aussi, et qu'effectivement il y a une multitude de trucs à faire et une multitude de solutions, autant qu'il y a de réalités. Y'a pas de recette miracle.
Mais les situations se construisent et se bousculent quand même il me semble, même si rien n'apparaît ex-nihilo c'est vite tomber dans l'échec que de renoncer à tout du coup, c'est même louper le coche et laisser la place aux autres.
Et comme dit FCP je pense que y'a un gros travail juste de "recension" un peu sur le modèle "journalistique" (on se comprends) à faire sur ce qui bouge en ce moment et ce qui a bougé dans le dernier siècle. Les gens, par pessimisme ambiant, ont souvent tendance à croire que rien n'est possible, que rien n'a jamais été vraiment fait, et que rien ne se passe. Pourtant, en répertoriant et en soulignant tous les mouvements (rien que des actions précises mais originales), c'est comme ça que ça pourra se généraliser. En insufflant un souffle de "regardez, c'est possible. Et même, ça se fait".
Peut-être qu'on aura droit au pire avant de pouvoir espérer le meilleur, mais pourquoi se laisser moisir dans cette inertie et pas essayer de la bousculer un peu ?
SINON, pour revenir au thème du sujet, un article de CQFD sur le dernier bouquin de Lordon (je parlais un peu sans savoir, car j'ai pas lu grand-chose de lui finalement, du coup l'avis est bon à prendre et m'a l'air assez lucide): http://cqfd-journal.org/Lordon-s-Calling